Augmenter la production de viande de lapin en Haïti

Gardy Saint-louis

Faculté des Sciences de l'Agriculture et de l'Environnement (FSAE) / Université Quisqueya
24/03/2022
Article


L’Université Quisqueya travaille d’arrache-pied pour augmenter la production de viande de lapin en Haïti

L’élevage de lapins destinés à la consommation humaine est très peu pratiqué en Haïti, alors qu’il pourrait ouvrir des perspectives très intéressantes et donner naissance à un marché porteur. 

La consommation de cette viande blanche est estimée à seulement 0.04 kg par habitant et par année. C’est l’une des viandes les moins consommées dans le pays, alors qu'elle est un atout sur le plan de la santé humaine, en étant la moins susceptible d’engendrer des maladies cardiovasculaires . Le problème résulte du fait que la production se fait encore à petite échelle et que cette viande souffre donc d’un manque de disponibilité sur le marché. Donc, il n’y a pas assez d’investissement dans le secteur.

À titre d’exemple, selon une étude menée en 2018 par la Commission Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA), Haïti produit environ 400 tonnes de viande de lapin alors que le pays a la capacité d'en produire beaucoup plus, environ 5000 tonnes par an d’ici 2030.

Cette production, si elle était atteinte, pourrait rapporter aux acteurs du secteur environ 20 millions de dollars américains par an,  selon Chéry Johnny Chéristil, étudiant mémorant en agronomie à la FSAE de l’Université Quisqueya, qui s’exprimait sur les opportunités de ce secteur, lors de la deuxième édition de la journée « Lapen fe kenken », tenue le 10 décembre 2021.

Contrairement à des élevages comme celui de la poule, le lapin se nourrit de fourrages et ne consomme pas la même nourriture que l’homme, donc il n’est pas en compétition avec les êtres humains.

L’élevage du lapin a beaucoup d’avantages. D’abord, il est apte à la reproduction seulement 6 mois après sa naissance et peut générer 5 portées par an. En un an, un lapin mature peut produire environ 25 à 40 autres lapins. L’élevage du lapin se fait en montagne comme en plaine, partout où le microclimat favorise son alimentation. 

On signale aujourd’hui une forte concentration dans des zones comme : Kenscoff, Furcy et Limonade notamment. Dans ces zones, la production se fait encore à petite échelle, rappelle l’agronome qui estime qu’avec 1 million d’éleveurs de lapins, Haïti pourrait reprendre sa place sur le marché international comme exportateur de viande de lapin.

Investir dans le secteur

Il faut encourager l’élevage du lapin, mais aussi investir pour garantir une chaîne de valeur autour de cette filière, estime l'agronome Chéristil tout en soulignant que les producteurs ont souvent du mal à écouler leurs produits par le fait que le marché n’est pas organisé.

Les supermarchés aussi ont du mal à s’approvisionner en viande de lapin à cause des irrégularités qui entravent le secteur. L’agronome Chéristil propose d’organiser les éleveurs en associations ou en coopératives afin de pouvoir produire et répondre aux demandes des supermarchés. Ensuite, la formation des éleveurs sur les meilleures stratégies à adopter s’avère tout aussi nécessaire à l’augmentation de la production de viande de lapin, aux dires de l’agronome.

Autres avantages

Le lapin mange tout ce qu’il trouve et peut être utilisé comme "recycleur" biologique. Il suffit alors de bien connaître les apports de ces aliments.

Le lapin est un animal qui ne fait pas de bruits contrairement aux poules. Ses excréments n’ont pas d’odeur forte et peuvent servir d’engrais dans les champs. En Haïti, l’élevage du lapin n’occasionne pas trop de soucis sur le plan sanitaire étant donné que la maladie la plus présente est la galle, mais on peut facilement traiter.

Pour faciliter l’augmentation de la production de viande de lapin, des activités régulières ont été déjà initiées à l’Université Quisqueya à travers la Faculté d’agronomie, explique le Dr Michel Chancy qui précise que 80% des éleveurs en Haïti disposent de moins de 10 lapines mères. Une quantité  qu’il juge insuffisante et qui a pour conséquence que les éleveurs ne peuvent pas générer beaucoup d’argent. Pour rentabiliser, réussir et augmenter la filière cunicole, la Faculté des Sciences de l’agriculture et de l’environnement travaille avec des éleveurs de lapins afin de résoudre le problème de l’alimentation dû essentiellement à la non disponibilité des fourrages pendant les périodes de sécheresse.

Pour compenser ce manque, les éleveurs ont souvent recours à des produits provenant de la République Dominicaine, explique le Dr. Chancy. La FSAE qui réalise régulièrement des séances de formation en élevage de lapins sur le campus de l’Université Quisqueya  a également initié des programmes de recherches dans le but d’améliorer la disponibilité des fourrages à travers le pays. Elle prévoit de combiner des herbes, des feuilles et des déchets industriels pour fabriquer de la nourriture de qualité et en quantité nécessaire.La FSAE intervient également sur la question de l’amélioration des cages, qui est un pilier tout aussi important que la disponibilité de la nourriture.

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Gardy Saint-Louis
Chargé de communication
FSAE - Faculté des Sciences de l’Agriculture et de l’Environnement
Université Quisqueya (UniQ)

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Domaine(s) de Recherche: Agriculture / Agriculture - Filière cunicole

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