Jean-Claude Martineau
Né de parents instituteurs, à la Croix-des-Bouquets, Jean-Claude Martineau, dit Koralen, a marqué très tôt la scène culturelle et artistique haïtienne. Poète, musicien, compositeur, dramaturge, conteur et historien, il a rejoint les rangs de la résistance contre la dictature duvaliériste durant les années 60.
Son père Raoul était poète et un proche de Jean Brierre, né à Jérémie. Jean-Claude Martineau se sentait beaucoup d’affinités avec eux. Il a dû partir en exil en 1962. Beaucoup de ses compagnons militants, restés au pays, sont morts en prison. Il est revenu en Haïti en 1987, un an après la chute de Jean Claude Duvalier.
Ancien porte-parole de Jean Bertrand Aristide, ami du Président René Préval, membre de son cabinet particulier, Jean-Claude Martineau est parti vivre au Canada pour des raisons familiales. Il vit aujourd’hui à Montréal. Son souhait le plus ardent est de revenir le plus souvent possible dans son pays, auquel il reste viscéralement attaché.
Ses talents de conteur, de parolier-compositeur, de dramaturge et d’historien en font l’un des grands de la création musicale et littéraire haïtienne contemporaine.
Les Nouveaux Contes de Jean-Claude Martineau : un petit chef-d’oeuvre
L’Université Quisqueya, par son Service d’édition, vient de faire paraître un petit livret de 85 pages en créole et en français, intitulé “Nouveaux Contes” et disponible à PressUniQ.
L’auteur livre ici cinq petits récits inédits qui nous plongent dans les profondeurs de la culture populaire haïtienne, dans le monde du fantastique et du merveilleux qui émeut, intrigue, interroge, et ne laisse jamais indifférent. Chaque récit délivre une sagesse, mérite d’être lu, relu, raconté et médité. Tout l’art de Koralen est de conduire le lecteur dans le monde des croyances, sur cette mince frontière qui sépare le réel de l’irréel, le possible de l’impossible, le dicible de l’indicible.
Les Nouveaux contes de Jean-Claude Martineau s’adressent aux enfants comme aux adultes; ils ont une portée universelle. L’auteur a tenu à les rédiger en langue créole et en langue française, les deux langues nationales d’Haïti, à parité, sans que l’une ne puisse être considérée comme la traduction de l’autre, permettant ainsi à ses lecteurs d’apprécier le “génie” expressif de chacune.
En guise d’invitation à la lecture, l'auteur a écrit :
« Dans la cale des bateaux négriers qui transportaient les Africains de leur terre natale à leur terre de servitude, il y avait des passagers clandestins. Ces passagers voyageaient dans la mémoire, dans l’esprit et le cœur des captifs. C’était des chants, des rythmes de tambour, des histoires et des croyances. Arrivés dans la colonie, les Africains se sont servis de leur culture pour transformer leurs quelques heures de repos en moments de loisir. Les cultures africaines, inclusivement les contes qui nous intéressent particulièrement ici, ont aidé nos ancêtres à survivre à l’esclavage et à rêver de liberté. Plus tard dans nos campagnes, avec les combats de coqs, ils représentaient les seuls moments de détente de nos paysans. Dans les familles aisées des villes, les enfants descendaient le soir à la cuisine pour entendre les domestiques « tirer » des contes. Ne laissons pas mourir ce genre qui nous a accompagnés tout le long de notre histoire. »
Alain Sauval