VWAZEN - FRONTIÈRES
Objectifs et résultats attendus
La coopération transfrontalière
Introduction
Le 27 octobre 2017, l’Association nationale des maires frontaliers (ANMF) et l’université Quisqueya (UniQ) signaient un protocole d’accord en vue « d’instituer une collaboration […] dans le cadre du projet Vwazen, projet d’appui aux collectivités territoriales ayant vocation à produire un cadre de développement durable pour chaque communauté, procéder à des transferts de savoirs et de compétences et renforcer l’autonomie de la population locale ». Cette signature venait conclure une série de discussions amorcées trois mois plus tôt par l’association, dans la suite d’un premier protocole d’accord signé avec la Fédération Nationale des Maires Haïtiens (FENAMH), le 11 octobre 2016.
Dans le cadre de cet accord les deux parties se sont engagées à travailler conjointement sur 4 actions majeures, pour les trois prochaines années :
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Une monographie de la zone devant servir à la mise en place d’un système d’aide à la décision
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Un plan de développement frontalier intégré
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Le recensement des propriétés bâties
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Une identité de marque pour la bande frontalière,
Sont également prévues des activités de formation professionnelle, insertion professionnelle des jeunes, et d’appui à la création d’entreprise.
Contexte et justification
Il existe des opportunités importantes dans la zone frontalière mais elles ne sont surtout exploitées que d’un côté de celle-ci. La République Dominicaine – à qui le tourisme rapporte 6 milliards de dollars par an – continue de vendre l’île entière aux touristes qui arrivent à Belladère ou Ouanaminthe, voire même à la Citadelle Laferrière, sans réaliser qu’ils ont changé de pays. Le commerce entre les deux peuples est tout aussi inégal avec plus de 1,7 milliard de dollars d’exportations dominicaines vers Haïti annuellement contre moins de 100 millions de dollars dans l’autre sens.
La frontière est aussi le lieu d’une migration peu contrôlée où des maires haïtiens en désarroi accueillent régulièrement des rapatriés alors que, sans budget aucun, ils doivent les loger, les nourrir et les aider à repartir vers leurs communes d’origine. Les maires frontaliers du côté haïtien sont tout aussi désemparés quant aux mouvements de leurs administrés vers le pays voisin : enfants qui traversent la frontière pour aller à l’école aux femmes qui y vont pour y accoucher, en passant par les fabricants de charbon qui s’y rendent, illégalement, et « finissent leurs vies dans un trou, brûlés avec leurs charbons par des agents forestiers dominicains ».
Dans cette zone d’une grande importance stratégique, l’État central est remarquablement absent ; un état de fait à contraster avec la présence organisée de l’État dominicain sur toute la bande frontalière. Les maires de l’ANMF savent ne pas pouvoir compter sur celui-ci et cherchent à, au-delà de leur volonté bien réelle de prendre les choses en main, établir une vision claire de la nature des problèmes auxquels ils sont confrontés et acquérir une capacité technique et managériale solide. La méthode Vwazen d’organisation d’un transfert mutuel de compétences entre l’université et la communauté permet de faire les deux. Entre recherche-action et pédagogie expériencée, elle facilite la rencontre de deux savoirs – ceux des experts des problèmes vécus et des besoins et ceux des experts du développement et des solutions techniques –en étant délibérément participative et en adoptant une approche du développement basée sur les atouts des communautés où il est implanté.
Objectifs et résultats attendus
Avec le projet Vwazen-Frontières, l’UniQ et l’ANMF décident de partager leur connaissance des réalités locales, et leurs savoir-faire respectifs, pour le déploiement du projet Vwazen dans les communes et leurs sections communales de la bande frontalière. Ils souhaitent sensibiliser leurs membres à l’intérêt de la mise en place d’instances locales de réflexion et de concertation afin de concourir à une perception globale des attentes des différents acteurs sur laquelle fonder une politique de développement adaptée aux besoins locaux.
Les quatre actions choisies devront ainsi :
1. permettre aux mairies de disposer de données géo-référencées leur permettant de prendre des décisions éclairées et optimisées. La monographie de la zone ira ainsi au-delà du document statique habituel pour en devenir un véritable système d’aide à la décision basé sur un système d’information géographique.
2. mettre en place d’un système d’aide à la décision pour faciliter la gestion et renforcer le leadership des municipalités. Le plan de développement frontalier intégré est conçu comme étant résolument participatif, dans le respect des exigences de la norme ISO 37101, Développement durable des communautés – Système de management pour le développement durable.
3. renforcer l’autonomie (financière) de la région par le recensement des propriétés bâties mais aussi une meilleure connaissance des particularités de la fiscalité municipale.
4. monter un plan de communication commun pour la région autour d’une marque « Fwontyè ».
La coopération transfrontalière
Pour garantir le succès du projet, l’UniQ et l’ANMF, mobilisent des alliés en République Dominicaine, dont :
- le pendant dominicain de l’ANMF,
- des universités dominicaines: la PUCMM (Pontificia Universidad Católica Madre y Maestra), la UNAPEC (Universidad APEC), la UFHEC (Université Federico Henriquez y Carvajal) et la UNMH (Université Eugenio María de Hostos)
Cette coopération transfrontalière vise à renforcer les rapports de voisinage entre les collectivités de part et d’autre de la frontière afin de trouver des solutions communes aux problèmes communs. Elle a vocation à encourager les échanges d’expériences et à envisager des formes d’actions publiques et de gouvernance adaptées aux particularités de la zone frontalière.
Des expériences précédentes, notamment dans la commune de Ouanaminthe, de [date] à [date], ont montré le succès de la formule. Avec Vwazen à la frontière, il s’agit d’approfondir et d’étendre les résultats précédemment obtenu à toute la bande frontalière.